• Animes et Mangas

  • La colline aux coquelicots où Ghibli et le temps qui passe

    Au cours de mes péripéties universitaires, on a fini par me demander de parler d'animation japonaise. Il faut comprendre que tout ça est encore un peu nouveau pour les enseignants en cinéma (il suffit de voir comment les films d'animation sont traités aux oscars ) et les études sérieuses sur le sujet demeurent rares. La question qu’on m'a demandé d'aborder a été celle du Japon à l'ère de la modernité et quel meilleur film pour l'aborder que La colline aux coquelicots de Goro Miyazaki ?

    La colline aux coquelicots est le 15ème long-métrage des studio d'animation Ghibli, sorti en salles le 16 juillet 2011 au Japon et le 11 janvier 2012 en France. Il s'agit d'une adaptation libre du manga éponyme de Tetsuro Sayama et Chizuru Takahashi. Ce film est le second du réalisateur Goro Miyazaki, fils du monstre de l'animation Hayao Miyazaki, cofondateur du studio Ghibli. On retrouve ce dernier au scénario et vous allez le voir, cela peut expliquer pas mal de choix d'adaptation...On peut considérer qu'il s'agit de la première "vraie" collaboration du tandem père-fils. En effet, durant la production du premier long-métrage de Goro, Les contes de Terremer, père et fils ne se serait jamais adressé la parole et Hayao serait sorti de la salle lors de la première projection. Il faut dire que Goro ne se destinait pas du tout à une carrière dans l'animation. En effet, diplômé en Agriculture et gestion des forêts, il prenait part à la réalisation de projets paysagistes et d'urbanisme, se tenant le plus éloigné possible de l'ombre de son (trop ?) célèbre père. Tout change à la fin des années 90 où pour la première fois, Hayao envisage de prendre sa retraite. La maison Ghibli commence dès lors à lui chercher un successeur en confiant la direction des films à de nouveaux réalisateurs comme Yoshifumi Kondo. Malheureusement, ce dernier meurt précocement en 1998 d'une rupture d'anévrisme emportant avec lui les espoirs de succession. 

    Au tout début des années 2000, alors que Goro Miyazaki travaille à la construction du musée Ghibli et de ses jardins, la maison-mère lui propose d'en prendre la direction et se faisant, de rentrer au studio d'animation.  

    Après Les contes de Terremer, orienté fantasy et très marqué par l'univers de son père, Goro prend avec La colline aux coquelicots un virage réaliste. 

    Yokohama, 1963. Umi est une jeune lycéenne qui vit dans une vieille bâtisse au sommet d’une colline surplombant le port de Yokohama. Chaque matin, depuis que son père a disparu en mer, elle hisse deux pavillons face à la baie, comme un message lancé à l’horizon. Au lycée, quelqu’un a même écrit un article sur cet émouvant signal dans le journal du campus. C’est peut-être l’intrépide Shun, le séduisant jeune homme qu’Umi n’a pas manqué de remarquer…

    Attirés l’un par l’autre, les deux jeunes gens vont partager de plus en plus d’activités, de la sauvegarde du vieux foyer jusqu’à la rédaction du journal. Pourtant, leur relation va prendre un tour inattendu avec la découverte d’un secret qui entoure leur naissance et semble les lier…

    Dans un Japon entre tradition et modernité, à l’aube d’une nouvelle ère, Umi et Shun vont se découvrir et partager une émouvante histoire d’amitié, d’amour et d’espoir.

    Ce film est un mille-feuille de niveaux de lecture. Chacun nous invite à porter un regard sur le Japon a différents moments de son histoire, de la Seconde Guerre Mondiale au tsunami de 2011. Ses personnages porte des messages sur la Mémoire et la Résilience. 

    Contrairement au manga dont il est adapté et qui semble se dérouler de manière contemporaine à son écriture soit dans les années 80. Or, dans ce film, nous avons une date précise: 1963, en pleine préparation des jeux Olympiques de Tokyo de 1964. On en voit les vraies affiches placardées dans la ville. De la même manière, la chanson Ue o mite Aruko de Kyu Sakamoto qu'écoute la famille de Umi à la télé a réellement été un hit en 1961. Ces petits détails donne à l'ensemble une grande cohérence historique. Si l'équipe du film a choisi de placer les événements dans ces années là, ça ne peut pas être un hasard, c'est qu'ils avaient quelque chose à y raconter. 

    Le passionné de paysage se fait plaisir à représenter un japon nostalgique en plein "miracle japonais", gros boom économique d'après-guerre qui entraîne une urbanisation rapide. Les représentations des villes du film, Yokohama et Tokyo, oscillent perpétuellement entre la tradition et la modernité. On montre les grands chantiers de modernisation: la ligne de train express, le tramway...Un des enjeux du film est la construction d'un nouveau foyer des élèves avec la destruction de l'ancien, pourtant chargé d'histoire...De l'autre coté, Yokohama tient plus du petit port de pêche que de la métropole portuaire avec ses bâtiments en bois traditionnels et son urbanisme en terrasses. Le choix pour les décors d'une technique de peinture proche de l’impressionnisme renforce encore le pictorialisme des paysages. Le lycée Konan fait ainsi figure d’îlot de modernité au sein de la ville avec ses lignes Art Nouveau. La communication du film a été faite autour de cette esthétique rétro comme en témoigne l'affiche teintée de jaune représentant les deux jeunes gens en uniforme vintage.

    Le film s'articule autour des femmes qui le composent. Il s'ouvre sur Yumi qui prépare le petit-déjeuner pour les habitantes de la pension de jeunes filles que dirige sa famille. Elle est le pilier de cette famille, la pension reposant sur ses courses et sa cuisine malgré son jeune age et son statut de lycéenne. Elle a des rôles et des fonctions très adultes. En l'absence de sa mère (professeur à l'étranger) et après la mort de son père, elle a pour sa grand mère et sa fratrie la place de cheffe de famille. les lycéennes du film apparaissent comme étant silencieuses lors des débats politiques et leur rôle principal est de nettoyer, de rendre sa gloire d'entant au Quartier Latin, le foyer étudiant. Ainsi, elles incarne un idéal conservateur de la femme japonaise. 

    La petite sœur de Umi, Sora, a un comportement moins réservé qu'elle, elle est plus proche de son personnage dans le manga. Shun la qualifie de groupie et elle ne repousse pas les avances que lui fait Mizonuma: elle représente l'archétype de l'adolescente moderne et frivole d'après-guerre. Une nuance moins conservatrice est apportée par les pensionnaires de la maison et de la mère d'Umi qui semblent toutes s'épanouir loin des hommes et dans leurs carrières: professeur, médecin, artiste-peintre...des profession assez masculines. La mère d'Umi exprime la chance qu'elle a eu de pouvoir suivre des études. 

    Les adolescents de l'histoire sont nés entre 1945 et 1947, ils n'ont pas connu la seconde guerre mondiale mais ont de vagues souvenirs de la guerre de Corée. C'est durant une de ces batailles que le bateau du père d'Umi a sauté sur une mine (encore une volonté du film, dans le manga, il a disparu dans l'océan indien). Sans avoir connu la guerre, ils doivent en vivre avec les stigmates et les non-dits. Shun est ainsi orphelin de guerre. Lui et Umi vont devoir construire leur histoire personnelles, toutes aussi importantes, en parallèle de la Reconstruction. 

    Sans jamais l'expliciter, le film établit une confusion entre les enfants et des soldats. Cette confusion passe essentiellement par l'école. En effet, les uniformes traditionnels japonais sont inspirés de ceux des officiers de la Marine. Cette tenue crée un sentiment d'uniformisation et de déshumanisation des élèves. Dans le manga, c'est contre l'uniforme que se battent les élèves, plus par coquetterie que par idéologie. Dans le film, il s'agit d'avantage d'une opposition entre conservateurs et progressistes et les jeunes en viennent aux mains avant d'être interrompus. La réunion des élèves se clôture sur un un chant entonné en chœur, au garde-à-vous, manière de rassurer les adultes sur la bonne tenue de l'assemblée. Le message est clair: pour les adultes, la rébellion et la politisation des jeunes est indésirable et une menace. On notera qu'il s'agit d'un chant partisan.

    Les adultes ne parlent pas spontanément de la guerre contrairement aux enfants. Le traumatisme reste très présent alors qu'on n'en voit pas de traces sur les décors de la ville. C'est une guerre invisible, sur laquelle on jette un voile: il y a un déni narratif. C'est au final les non-dits sur cette guerre qui induisent un flou sur les origines de Shun et qui empêche à Umi de faire son deuil. Le traumatisme des adultes empêche la construction de leurs enfants, des générations d'après-guerre. Tout l'objet du film est la course au souvenir. A aucun moment Shun et Umi n'envisage d'ignorer ce passé à la manière de leurs aînés. Le film conte la quête de Shun qui a besoin de connaitre ses origines pour pouvoir se construire un futur, avec Umi. Ils savent que le passé peut être douloureux mais la souffrance représente pour eux une meilleure alternative que l’ignorance. 

    Le film repose sur une opposition entre les partisans de la table rase, identifiés dans le film comme les adultes et ceux qui sont pour l'assimilation de ce passé, les jeunes générations. Ce conflit est incarné de manière métaphorique par deux bâtisses: la clinique Matsuzaki reconverti en pension de jeunes filles et le Quartier Latin, foyer traditionnel des élèves du Lycée Konan. Alors que les deux maisons datent de la fin de l'ère meiji (1830-1850), et que leurs occupants y sont très attachés, la clinique a su évoluer avec son temps alors que le foyer s'embourbe dans la poussière (au sens propre). Au début, la plupart des élèves sont favorables au démantèlement du foyer au motif que "nous ne sommes plus dans l'après-guerre" ce à quoi on leur répond qu'ils sont à l'image de leur élite gérontocrate. Les élèves ont une réelle conscience politique, ils sont la nouvelle génération, celle qui arrive après les plus grandes erreurs de l'humanité: la seconde guerre mondiale, les exactions de la Mandchourie, Hiroshima et Nagasaki. Sans rien à voir avec le déclenchement de cette guerre, ils ont pour charge de bâtir un avenir meilleur et de panser les plaies du pays. Il s'agit d'une charge très lourde qui n'a pas été imputée aux adolescents du manga qui, dans les années 80, peuvent "jouer à la politique" pour quelques chose d'aussi superficiel que des leaders physiquement attirants. 

    Paradoxalement malgré son âge avancé, Hayao Miyazaki, en tant que scénariste, semble se placer du coté des enfants. Si on met La colline aux coquelicots en parallèle avec sa propre filmographie, il s'est souvent montré hostile à la modernisation effrénée (les dérives technologiques avec les robots du Château dans le ciel, l'urbanisation des campagnes dans Princesse Mononoké). Beaucoup de ses films se servent de légendes lointaines pour porter un regard sur le japon moderne. Auprès de la chaîne Arte en avril 2012, il confiait: "Je dis toujours qu'il faut faire des films qui rencontrent notre époque mais pas qui l'épousent. Nous sommes des enfants de l'époque dans laquelle nous vivons mais, nous devons lui lancer des défis, pas nous fondre en elle. les artistes qui collent trop à leur époque vont être évacués, comme le temps qui passe. Leurs films vont être abandonnés sur les bords du chemin. Si vous épousez votre époque, vous restez fixé à elle et vous disparaissez avec elle."

    La Colline aux coquelicots embrasse cette philosophie en proposant un sous-texte qui relève de l'ultra-contemporain. Le deuxième chant des élèves s'appelle La grande vague bleue à première vue, il semble aussi être un chant d'inspiration martiale en évoquant l’insoumission. Il est porteur d'une lueur d'espoir, de résilience et de reconstruction. Contrairement à l'assemblé, le chant est ici lancé comme un élan spontané des élèves et non à l'initiative des adultes. Le message est clair: ils ont accepté l'adversité, et ils reconstruiront le pays: plus fort. Si le titre peut sembler être une référence à La grande vague de Kanagawa de Hokusai, cette chanson évoque de manière extra-diégétique le tsunami de 2011 qui a fortement impacté le tournage et est considéré comme l'un des événement les plus traumatisant de l'histoire contemporaine japonaise. 

    En conclusion: nous avons notre réponse: pourquoi avoir déplacé l'action de l'histoire de 15 ans dans le passé ? Ce n'est plus l'histoire de umi, jeune fille un peu naïve se découvrant une passion pour le bad boy de l'école . C'est l'histoire avec un grand ou un petit H, d'une génération à la croisée des chemins, ceux de son pays, du monde qui s'est retrouvé changé, de leur monde à eux qui porte le germe d'un futur encore fragile et incertain. C'est un film sur l'interprétation que l'on fait de l'Histoire et sur celle qu'on a envie de livrer. C'est un film sur la mémoire, la (re)construction, de soi et des autres.

    Le film recevra un accueil très chaleureux au Japon où il remportera en 2012 le prix du meilleur film d'animation décerné par la Japan Academy. En France, l'accueil sera plus timide, on reprochera notamment l'aspect fleur bleue du scénario et la pauvreté de l'animation des visages. 

     


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  • Marie-Antoinette, La jeunesse d'une Reine

    J'aurais peut-être du sous-titrer cet article "Infinie déception" ou "Sodomie Surprise". Oui je sais, c'est violent, ça trashtalk alors que ça fait des mois qu'on s'est pas vus toussa... On va dire que mon ressenti par rapport à ce manga est proportionnel à la foi avec laquelle je l'ai attendu.

     

    Marie-Antoinette, La jeunesse d'une Reine est un manga de Fuyumi Soryo publié simultanément en France et au Japon à l'été 2016. Petit mot sur l'édition française par Glénat: C'est un très bel objet. La couverture est illustrée par l'aquarelle ci-dessus et la tranche comme les titres sont rehaussés d'or et de rose Pompadour donnant au livre un aspect précieux. C'est pas compliqué, je n'avais pas vu d'aussi jolie couverture depuis  Grimms . Le prix du livre est un peu élevé, même pour un Seinen (9€15) car l'histoire est complétée d'un dossier en couleurs sur Versailles et deux-trois pages d'ouvertures elles aussi en couleurs.

    Si vous me suivez depuis un moment, vous savez que j'adore l'univers de la cour de Versailles. Sur ce blog j'ai déjà fait une critique de l'anime Le Chevalier d'Eon et je suis une grosse fan de Lady Oscar, le Shojo de la très célèbre Rioko Ikeda. Alors cet été, quand toute la presse manga et la presse GRAND PUBLIC (celle que l'on doit supplier pour qu'elle ne nous toise pas du regard) ont encensé Marie-Antoinette... Bah j'étais hypée. 

    Surtout que le projet était surprenant. Il s'agit en effet d'une oeuvre de commande. C'est à dire que le Château de Versailles lui-même a demandé un manga à Fuyumi Soryo, déjà connue dans le milieu du manga historique pour Cesare. Le but du deal étant de valoriser l'image du château de Versailles, déjà bien adulé au Japon grâce à Lady Oscar, pour laquelle Rioko Ikeda avait à l'époque remporté la légion d'honneur. Rien que ça. Alors Soit, ça sentait le produit Marketing pro-tourisme mais toute la communication avait été faite dans le sens du réalisme du manga. En effet, Soryo avait accès libre au château et a même pu consulter des archives, exactement de la même manière que nous, les archéologues. Cela se remarque très aisément dans la reproduction architecturale des bâtiments de Versailles ou dans celles des oeuvre d'art. 

    De manière général, les dessins sont très beaux: le trait est très fin, très précieux et délicat. Il ne dépareillerait pas du tout dans un shojo et retransmet bien l'atmosphère de la cours de Versailles. Les décors bénéficient d'un tramage léger et varié au point que les lieux semblent tirés de gravures d'époque. C'est un très bon point de ce manga. 

    Ce qui est plus fâcheux et bien c'est le scénario. S'il commence de manière originale, c'est à dire sur une Antoinette déjà reine de France vivant au Petit Trianon entourée par ses enfants. Elle semble mener une vie heureuse dans la simplicité. MERCI MANGA NO KAMI-SAMA ! Parce que bon...Le caractère de Marie-Antoinette dans les œuvres de fiction est souvent imblairable ! Ensuite, on part pour un flashback revenant sur l'arrivée d'Antoinette en France, le récit s’intéressant à la construction de sa relation avec le dauphin Louis-Auguste. Et c'est là que le bât blesse. Premièrement, tout sonne horriblement faux: On voit bien que le récit a été artificiellement contracté pour tenir en un tome unique (PARCE QUE OUI ! C'EST UN PUTAIN D'OS) et au final, on ne comprend pas comment Toinette tombe amoureuse de son époux. Ça arrive d'un coup sans qu'il n'y ai eu de réelles interactions entre eux. Donc à la limite... On s'en branle.

    Et comme c'est l'intrigue principale, on se retrouve avec un manga totalement osef et oubliable. Un mauvais récit commandé pour de mauvaises raisons qui soulève une question: Comment ce torchon a-t-il pu recevoir d'aussi bonnes critiques ?


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  • Le mari de mon frère

    (Oui je sais. Toute la presse manga l'a déjà encensé. Mais je suis pas la presse. Et bordel de merde, j'ai aimé ce bouquin !)

    Le Mari de mon frère est un manga de Gengoroh Tagame publié depuis 2016 aux éditions Akata en France. Au Japon, il est prépublié dans le magazine seinen "Manga Action" des éditions Futabasha depuis 2014.Le manga a connu là-bas un succès surprise et a même du être réimprimé. L'éditeur Français Akata est célèbre pour mettre en avant des "politiques d'auteurs" particulières. En effet, on retrouve dans leur catalogue des titres engagés comme Orange, Ugly Princess ou plus récemment Perfect World ou Le Bateau-usine. Leur but est de divertir, bien sûr, mais aussi de faire réfléchir.

    Étrangement, c'est une politique qui ressemble un peu à celle qui je mettais en place jusqu'à très récemment avec mes jeunes. L'année dernière, j'ai voulu chercher un manga qui traitait de l'homo-parentalité et de l'homosexualité "ordinaire" notamment pour les jeunes filles biberonnées aux yaoi. Sauf que à l'époque, la référence dans le domaine c'était Daddy Please Fall in love, qui se sert de ce thème d'une manière presque honteuse de ces grandes thématiques pour en faire des faire-valoirs à ses scènes de sexe si typiques du yaoi bas de gamme. Je me suis sentie trahie par les critiques de manga, un peu humiliée au fond de moi. Mais le mal était fait:Le livre trônait déjà dans les étalages de leur CDI. Et cet été, la presse manga c'est emballée. On avait jamais vu un tel engouement et surtout une telle convergence dans les avis. J'ai fini par le voir dans les étagères du manga café, je l'ai dévoré. Je suis rentrée l'acheter en deux exemplaires et j'ai lu la suite en version anglaise comme je pouvais pas attendre la suite.

    Quand on est un peu habitué, qu'on s'interesse aux yaoi alternatifs ou carrément que l'on fréquente les librairies gay de Paris, on connait le trait de Gengoroh Tagama. Il est tellement caractéristique de l'appartenance "Bear" avec ses personnages massifs, un peu bedonnant et poilus. Je l'ai reconnu tout de suite. Sauf que le monsieur, il est plutôt célèbre pour ses manga Bara (manga gay pour les gay) assez...SM ouais. C'était assez surprenant, même en connaissant la thématique du bousin, de le voir s'atteler à un manga grand-public. Heureusement, les mecs poilus en boxer noirs sont toujours là, même sous la jaquette. 

    Et l'histoire ? Elle raconte quoi ? Dans le Japon contemporain, Yaichi est le papa-solo de la petite Kana. Ils mènent une vie calme jusqu'à ce que débarque le géant à barbe Mike Flannagan. Il se présente comme étant le mari du frère jumeau de Yaichi qu'il a épousé au canada. Son mari venant de décéder, Mike vient entamer un pèlerinage tournant autour de la jeunesse à jamais inaccessible de cet homme qu'il a aimé. Yaichi se retrouve à cohabiter avec lui et alors que Kana se révèle être une petite fille tolérante, pleine d'innocence et de spontanéité, son papa se rend compte de tous les préjugés qu'il a accumulé au contact d'une société japonaise conservatrice. 

    Non content d'aborder le sujet de l'homosexualité et de sa perception au travers de nos sociétés, Tagame se paye le luxe d'aborder...*inspire* le deuil, l'éducation, le divorce, l'enfermement social, le rôle des femmes dans la société japonaise, les discriminations de toute sortes et le choc des cultures. VOILA ! Et il le fait BIEN. Chaque chapitre s'accompagne d'un "mini-cours de culture gay" soigneusement documenté.

    Le manga prend son temps, au rythme de la vie. Les dessins soignés et réalistes donnent un cachet presque documentaire à l'oeuvre. Comme dans la vie, tout ne sert pas la narration. Certains passages sont inutiles comme la scène ou Mike se douche après une gueule de bois. (qui nous laisse voir encore plus de poils !) Mais parfois, dans la vie, il y a des choses inutiles. 

    Pour tout dire, je conseillerais ce manga pour les programmes scolaire, en tant que médium privilégié de la tolérance et de l'acceptation. J'irais plus loin: Je le conseillerais aux homophobes. Pour montrer qu'on peut se débarasser de nos clichés et approcher l'unité avec nos pairs. 

     

    EDIT 2020

     

    Le mari de mon frère

     

    Au printemps 2018, une série live-action en 3 épisodes a été diffusée au japon sous le titre Otouto no Otto. Diffusée sur un créneau nocturne, elle était explicitement destinée à un public jeune adulte. 

    Si la série ne prend pas vraiment de risque sur le plan plastique, elle se permet d'apporter un éclairage nouveau à certaines scènes du manga, apportant plus d'épaisseur à la relation entre Yaichi et son frère ou entre lui et son ex-femme ou bien en explicitant la fin de vie de Ryouji, le frère de Yaichi. Le choix de faire mourir Ryoji de maladie, d'expliciter des délais très courts entre son décès et la visite de Mike...Tout ça donne une nouvelle dynamique à l'oeuvre. Ça reste un petit concentré de bonne humeur, réaliste mais sucré comme un bonbon au yuzu. 

    J'ai énormément apprécié le casting de Mike et surtout la manière dont ses dialogues sont écrits. Il n'y a pas de volonté de ridiculiser le Gaijin, l'étranger mais bien de le comprendre. Sans avoir un accent cliché ou en parlant comme un enfant, les dialogues de Mike sont très scolaires. Il dit qu'il a appris le japonais à la fac et en effet, son japonais à la forme polie, très articulé, me permettait presque de suivre ce qu'il disait sans sous-titre.

    En somme une très bonne adaptation à conseiller à ceux qui n'ont pas lu le manga et à ceux qui veulent le redécouvrir autrement.


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  • Cheer Danshi/ Cheer Boys

    (Si il y a bien un genre d'anime que je ne regarde presque pas, ce sont les anime sportifs. Depuis Olive et Tom, je n'avais plus rien regardé de tel jusqu'à ce que Coyote magazine fasse une brève sur cet anime et que je me dise: Tiens donc ?)

    Bonjour, aujourd'hui, il va être question de le série animée Cheer Boys! (Cheer Danshi! en VO) qui a été diffusée en simulcast à l'été 2016 par ADN. La série a été écrite par Reiko Yoshida (Bakuman, Digimon, Saint Seya Omega),dirigée par Ai Yoshimura (Black Butler saison 2, Gintama, Inuyasha) et animée par le studio Brain's base (Les OAV Assassination Classroom ou Spice and Wolf). A l'origine de cette série, on trouve un roman, écrit par Ryo Asai et publié par Shueisha. Viendront ensuite deux manga. Un plutôt orienté Shojo/Shonen-Aï (évoqué par le Coyote Mag' mais dont je ne parviens pas à retrouver la piste sur le net) et un Shonen sportif publié avril 2016 dans le Shonen Jump+. On retrouve Ryo Asai à l'écriture et Kenichi Kondo (un illustre inconnu).

    Mais alors de quoi ça parle ? Haruki descend d'une grande famille de judoka, propriétaires d'un dojo. Après une blessure qui l'empêche de pratiquer, son meilleur pote Kazu, ancien adversaire de Judo également, vient le voir avec une idée un peu folle:  Tout plaquer et se lancer dans le Cheerleading masculin. Néanmoins, ils vont vite se rendre compte que tout ne sera pas aussi simple que prévu. Vite, ils seront rejoint par un ancien champion de Cheer ainsi qu'une coach aux méthodes assez bourrues avec un objectif en tête: Le championnat National face aux équipes de Dreams et de Sparks, bien plus expérimentées. 

    De base, je connais pas grand chose au Cheerleading. J'en regardais à la télé quand j'étais petite avec ma mère, j'ai des séries américaines et j'en ai fait un trimestre au lycée (j'étais base pour ceux qui se poseraient la question) et à l'origine, j'ai une formation de gymnastique rythmique, ce qui n'est pas tout à fait la même chose. Néanmoins, les entraînements des garçons m'ont fait repenser à mes heures de souffrances à faire des roues, des saltos et des équilibres (Léger traumatisme de ma coach me hurlant des insanités en russe). Comme je l'ai dit juste avant, les animes de sport c'est pas ma came notamment parce que je trouve ça trop répétitif (un lointain souvenir de Captain Tsubasa/Olive et Tom). Mais force est de reconnaître qu'avec un format de douze épisodes de vingt minutes, on a pas le temps de s'ennuyer. De plus, on voit au final assez peu d'entrainement.

    L'anime se centre en effet d'avantage sur le développement personnel: Qu'est-ce que le Cheer apporte aux protagonistes ? Comment est-ce que leur entourage réagit à ce choix sportifs inhabituel pour des garçons ? Comment est ce qu'ils arrivent à se dépasser sur le plan individuel, collectif ou sportif ? En nous faisant poser ces questions, la série nous met en position de coach nous aussi ce qui crée un véritable sentiment d'attachement aux personnages.

    Surtout que,enfin, on nous présente une grande variété de physiques et de personnalités dans un manga de sport. Les personnages peuvent paraître clichés au début: Les Leaders, le gros, les racailles, le garçon efféminé, le froid, l'intello à lunettes, les skateurs, l'obsédé du travail... Mais c'est en ça que l'anime est intelligent: Ces clichés sont extradiégétiques, il n'y a que le spectateur qui a conscience de ces clichés et pas les personnages. Pourtant, c'est eux-même qui par leurs actions vont briser le cliché qu'ils incarnent et s'épanouir. 

    En ce qui concerne la réalisation: Le choix du format vingt minutes permet au montage de ne jamais s'essouffler même si il prend le temps de se poser parfois pour admirer une bande de copains partageant un curry. La musique, composée de thèmes aux consonances très J-POP est dynamisante et motivante, j'imagine tout à fait ma mère s'en servir de training song durant son running. Animeland a accordé une brève à la série et la fait commencer par le mot: Sakuga. Selon ce-même magazine, ce mot signifie:"Passage d'un anime bénéficiant d'une meilleure animation que la moyenne" Effectivement, les scènes de performances sont très fluides. C'est pour des moments comme ça que je valorise totalement l'utilisation de l'ordinateur dans l'animation 2D !

    Pour conclure: Cheer Danshi est un anime de sport qui s'éloigne des codes du genre et qui apporte une vraie dose de légèreté et de motivation. Court, bien mené et servi par une superbe réalisation, il saura plaire au plus grand nombre même si sa forte proportion de bishonens le rendra fortement attractif pour les demoiselles ! 

    Comme d'hab, on se quitte sur l'opening ! 


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  • Le Chevalier D'Éon

    Un anime que j'ai trouvé tellement au pif que c'est forcément le destin...

    Le Chevalier D'éon est un authentique personnage de l'histoire de France, connu pour être une femme transexuelle, espionne pour Louis XIV et a par exemple inspiré la Lady Oscar de Riyoko Ikeda (<3). La vie trépidante de cette grande dame a été l'objet d'une biographie romancée écrite par To Ubukata. Ce livre connaîtra deux adaptation indépendantes: Une en manga par To Ukubata lui-même et Kiriko Yumeji, adaptation humoristique et légère; Et l'autre, celle qui nous intéresse, en anime, par les studios Shochiku et Production I.G sous la houlette du réalisateur Kazuhiro Furuhashi et du scénariste Shotaro Suga, toujours avec l'aide de To Ubukata (bordel, ça fait du monde aux réunions). Cette série de 24 épisodes fut d'abord diffusée de Août 2006 à février 2007 au japon sous le nom de Shuvarie (Chevalier) sur la chaîne WOWOW, une chaîne du câble (avec un libre choix éditorial donc). 

    En 1752, le cercueil de Lia de Beaumont est retrouvé flottant sur la Seine, le seul indice sur sa mort est un mot écrit en lettre de sang sur son couvercle: Psaumes. Le  frère de la défunte D'éon de Beaumont, membre de la police secrète de Louis XIV décide de mener l'enquête. Il va vite découvrir que la Bible, et particulièrement, celle du Roi Soleil, abrite dans ses lignes un grand pouvoir ne pouvant être interprété que par quelques élus et pouvant causer la mort et la destruction, chambouler les fondations de l'Europe d'alors. Dans le même temps, le spectre avide de vengeance de Lia prend possession de son frère.

    Oscillant perpétuellement entre anime historique, de cape et d'épée, fantastique et d'action, cette série a le pouvoir de conquérir un large public de la même manière que Black Butler. L'alternance créé aussi un rythme soutenu, qui ne laisse pas le spectateur s'ennuyer. Avec des épisodes plutôt courts (20 minutes), on devient vite accroc sans pour autant se perdre car une grande scène de combat sera toujours suivi d'un moment plus calme, soit d'une intrigue politique soit d'un passage d'introspection.

     


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